2019-06-06

La deriva intolerante de los independentistas. Artículo de S. Morel en Le Monde

Par: Sandrine Morel (correspondance, Le Monde4 de junio de 2019)
(resumen del original)

Traducción al español aquí.

Une pluie d’œufs s’est abattue sur la scène de Badalona, ville de la banlieue de Barcelone, pour atterrir aux pieds de la chanteuse Marta Sanchez. (...) Avec ses musiciens, elle s’est retranchée derrière les rideaux pour éviter une humiliation majeure. Invitée, le 18 mai, avec plusieurs artistes, pour un concert contre l’homophobie, en théorie placé sous le signe du respect, elle a souffert un boycott en règle. Aux œufs, se sont ajoutés les cris de « fasciste » lancés par un groupe d’indépendantistes catalans exaltés.
(...)

Cet incident, vivement critiqué par les socialistes et les conservateurs, est une simple anecdote, diront certains, le mettant même sur le compte de la colère provoquée par la détention provisoire de neuf dirigeants indépendantistes. Ils sont accusés de rébellion pour la tentative de sécession d’octobre 2017, et leur procès se termine le 12 juin. La multiplication de ce genre d’événements semble pourtant témoigner d’une intolérance grandissante au sein de la société catalane.
«Les rues seront toujours à nous», criaient les indépendantistes catalans en septembre 2017 lors de manifestations contre la présence de la police nationale espagnole, qualifiée de « forces de l’occupation ». C’était avant le référendum illégal du 1er octobre 2017, la déclaration d’indépendance et ses conséquences pénales… Avec près de 48 % des voix récoltés à toutes les élections depuis 2012, les nationalistes et indépendantistes catalans n’ont jamais représenté plus de la moitié de la population catalane, ce qui ne les a pas empêchés pas de parler au nom du « peuple catalan », mais aussi de censurer ou disqualifier ceux qui pensent différemment.
En Catalogne, le mot « fasciste » est depuis longtemps devenu une insulte banale pour désigner les électeurs du Parti populaire (PP, droite) ; elle s’est étendue à tous ceux qui s’opposaient à un référendum d’autodétermination, à tous les « faux » catalans, tous les botiflers (traîtres) et enfin tous les « Espagnolistes ». Fuyant ce climat étouffant, combien sont-ils à avoir quitté la Catalogne, suivant les pas de l’artiste Albert Boadella?

(...)
Quant à l’ancien président du Parlement européen et actuel ministre des affaires étrangères, le socialiste catalan Josep Borrell, originaire du village de La Pobla de Segur, il n’est plus le bienvenu chez lui depuis qu’il dénonce les dérives du nationalisme. Les indépendantistes, qui gouvernent la ville, veulent organiser un référendum local pour débaptiser la rue qui porte son nom et dans le village une pancarte le traite de « honte de La Pobla ».
"Borrell es la vergüenza de La Pobla" Pancarta en la
entrada del pueblo de Josep Borrell, expresidente del
Parlamento Europeo, ministro de AAEE.
Sur Twitter, l’ancienne présidente du Parlement catalan, Nuria de Gispert, a traité plusieurs dirigeants de Ciudadanos et du PP de «porcs», début mai. Cette récidiviste est connue pour avoir demandé à Inés Arrimadas pourquoi elle « ne retourne pas à Cadix », la province andalouse dont elle est originaire. En novembre 2018, des militants séparatistes avaient versé des excréments devant les tribunaux de justice catalans, l’un des derniers symboles de l’Etat espagnol dans une région fortement décentralisée.
Avant les élections législatives du 28 avril, des étudiants ont essayé d’empêcher violemment l’accès à une conférence sur le nationalisme organisé à l’université autonome de Barcelone à la candidate du PP, Cayetana Alvarez de Toledo.
S’agissant d’une responsable politique, on pourrait y voir une manifestation partisane. Mais en juin 2018, c’est une conférence sur Miguel de Cervantes, animée par l’hispaniste et spécialiste français Jean Canavaggio, et organisée à l’université autonome de Barcelone par l’association anti-indépendantiste Société civile catalane, qui a été boycottée par des étudiants séparatistes aux cris de «Dehors les fascistes».
Et en février, ce sont les descendants de Républicains espagnols qui ont souffert des sifflets et insultes lancés par des indépendantistes catalans venus empêcher le chef du gouvernement socialiste Pedro Sanchez de rendre hommage aux exilés de la Retirada sur la plage d’Argelès.
Boycott independentista del homenaje a los exiliados 
republicanos de la Guerra Civil Española 

Ces derniers temps, la déshumanisation de l’adversaire politique a atteint un nouveau degré : dans plusieurs villes, comme Amer ou Torroella de Montgri, des indépendantistes ont décidé de frotter le sol foulé par Inés Arrimadas lors de ses meetings avec de l’eau de javel…

1 comentari:

  1. Le recours à ce type de gestes, malheureux sans doute, est parfois le seul des personnes et peuples, des cultures et des pays, quand le système théorico-démocratique qui est censé protéger tes droits, tes libertés, ta culture, de mettre de l'ordre et d'organiser la société, est démissionné en faveur d'un régime extractif, obscur et issu du franquisme; le pire est qu'il est très inéquitable, injuste, et fraternel seulement avec "les siens".

    Tu pourrais citer autant d'exemples, beaucoup plus!, et beaucoup plus scandaleux, sur les dérives de la justice espagnole, de la police, et du gouvernement de l'état. Illégalisation de partis opposants, prisons préventives injustifiées, attaques en justice contre la liberté de presse, de ressemblement, de Twitter, contre les lettres de certaines chansons, contre des idées politiques. Justice qui fonctionne fort pour des raisons d'état et politiques, et fonctionne beaucoup plus mal contre la corruption économique et du système ( milliers de cas scandaleux depuis les années ).

    Possiblement tu feras un autre article sur tout ça, et on va rigoler des spectacles des œufs, ou la javel.

    Quoi d'autre il nous reste sinon le sourire.

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